Les bonnes nouvelles de l’assec de l’étang de Gôle
La mise en assec de l’étang de Gôle est un acte de gestion indispensable pour la bonne santé de l’étang et l’occasion de développer sa biodiversité.
Ainsi, nous pouvons voir l’apparition de nouvelles espèces végétales qui viennent enrichir la flore actuelle, comme en témoignent nos partenaires de LoParvi.
Ainsi nommés : la patience maritime (rumex maritimus), le souchet brun (Cyperus fuscus) et les grèves eutrophes. Également présent, et cela chose rare en Nord-Isère, l’isolépis sétacé (Isolepis setacea).
La vidange et la mise en assec de l’étang de Gôle : on vous explique pourquoi.
Dans la perspective d’améliorer la qualité globale de l’étang (faune et flore), notamment en limitant son envasement et en renouvelant totalement sa masse d’eau, il est nécessaire de procéder à une mise à sec à fréquence régulière (quinquennale à décennale).
L’étang n’ayant pas été vidé depuis 12 ans, nous observons aujourd’hui une accumulation importante des vases, entrainant un phénomène d’eutrophisation. En résulte une diminution de la qualité et de la fonctionnalité de certains milieux biologiques et patrimoniaux notamment les roselières ainsi que toutes les espèces associées à ces habitats. Nous observons, également, de plus en plus d’espèces invasives qui prennent peu à peu le pas sur les espèces patrimoniales.
Dans un premier temps, il est procédé à la vidange de l’étang. Dans un second temps, l’étang est laissé à vide pendant une période minimale d’un an : c’est l’assec.
Durant l’assec, la vase accumulée va progressivement sécher et se minéraliser, permettant ensuite l’installation et le développement de végétations aquatiques nécessaires au bon fonctionnement de l’étang. Cette opération agit sur la qualité du milieu, ses habitats ainsi que ses espèces associées et limite le phénomène naturel de comblement, actuellement fort avancé.
L’assec a également un effet très favorable sur la réactivation et le renouvellement de la banque de semences et sur la régénération de la roselière.
Ces opérations ont un caractère bénéfique en augmentant significativement la qualité des milieux aquatiques et zones humides, milieux accueillant les principaux enjeux de conservation de l’ENS.
On y retrouve notamment des reptiles tels que la tortue Cistude (Emys orbicularis), une espèce menacée et protégée en France, ainsi que de nombreux oiseaux nicheurs (le grèbe huppé…), un cortège d’amphibiens et d’invertébrés, tous dépendants de cet écosystème particulier.
Les travaux de vidange de l’étang de Gôle sont menés pour améliorer la qualité des milieux aquatiques et plus globalement afin d’assurer le bon maintien de l’écosystème « étang ».
Mars, une période de vidange inhabituelle ?
Habituellement, les étangs sont vidangés en automne. Cependant, des périodes de sécheresse y sont de plus en plus fréquentes ces dernières années, comme ce fût le cas en 2019 et 2020.
Devant la nécessité de plus en plus pressante de vider, puis de mettre en assec l’étang de Gôle, il s’est avéré utile de prévoir une alternative au cas où la vidange prévue en automne 2020 ne pouvait avoir lieu. Cette alternative, qui prévoyait une vidange en fin d’hiver 2021, a donc été retenue au vu de l’arrêté sècheresse survenu en automne 2020, interdisant l’opération. Afin de réaliser la vidange à la période la moins impactante pour la faune présente dans l’étang (tortues cistudes, amphibiens, oiseaux, poissons…), des écologues ont été consultés. Il a donc été décidé de démarrer la vidange début mars. Par exemple, à cette période les tortues cistudes sortent d’hibernation, leur permettant ainsi de se déplacer dans les plans d’eau voisins. Les oiseaux n’ont pas encore entamé leur reproduction, permettant ainsi de ne pas faire échouer leur nidification. Le choix d’une vidange au mois de mars n’est pas optimal, mais elle aura des conséquences bénéfiques, pour la faune comme pour la flore, dès la remise en eau de l’étang au printemps prochain.
Vidange de l’étang de Gôle : mise en œuvre
La vidange de l’étang de Gôle de mars 2021 a été autorisée par décret préfectoral n° 38-2019-352-DDTSE01 du 18 décembre 2019, confirmée le 12 février 2021 pour sa dérogation aux périodes autorisées dans le cadre de l’autorisation de vidange périodique.
La vidange a débuté le lundi 1er mars pour prendre fin le mercredi 31 mars par la pêche des poissons de l’étang. Elle a été encadrée par un cahier des charges stricte suivant les préconisations de la Direction Départementale des Territoires de l’Isère et le Service Environnement en charge de la Police de l’Eau. Ce protocole a été appliqué à la lettre par le personnel communal en charge de la vidange :
- Mise en place d’un système de filtration (doubles rideaux de grilles avec de la paille intercalée : les filtres à paille).
- Prévoir la destination des sédiments décantés en fin de vidange.
- Mis en place de grilles dans la pêcherie permettant de retenir toutes les espèces de poisson présentes dans l’étang.
Des précautions particulières ont été prises dans le cas ou des espèces invasives seraient présentes dans l’étang (augmentation du nombre de grilles, diminution de l’espace entre les barreaux, containers étanches pour leur stockage avant destruction).
- Une semaine avant la date prévue de vidange, il a été effectué un test de l’organe de vidange afin de vérifier son bon fonctionnement.
- Vidange lente et progressive par paliers.
- Surveillance du débit du rejet par rapport à celui du cours d ’eau récepteur et du respect de la qualité du rejet effectué avant de passer d ’un palier à l ’autre.
- Surveillance quotidienne de la vidange afin de prévenir tout accident et note des mesures de surveillance de la qualité et du débit de l’eau.
- Gestion de la destination des poissons récupérés dans la pêcherie.
Les espèces indésirables ou non autochtones (poisson chat, perche soleil…) ont été détruites.
Malgré toutes ces précautions, en fin de vidange de l’étang, l’eau s’est chargée de la boue accumulée au pied de la bonde, la pression exercée sur les filtres à paille situés dans la pêcherie a provoqué une rupture brutale du système de filtration. Malgré la retenue une partie de cette boue s’est retrouvée saturée et l’écoulement l’a emporté vers le lit de la rivière.
Préserver la rivière : les actions
Suite à cet événement, la municipalité et le département de l’Isère qui assistent et suivent au plus près les manœuvres sur l’étang, ont procédé à plusieurs aménagements afin de sauvegarder autant que possible la rivière impactée.
- Dans un premier temps, la commune a procédé à l’installation de trois nouveaux filtres à paille pour remplacer ceux détruits précédemment. Plus tard, un quatrième filtre a été aménagé dans l’étang afin de ralentir le débit de l’eau entrant dans la bonde ;
- Dans un second temps, en prévention de conditions météo orageuses, des agents du département sont venus renforcer les filtres à paille existant et ont nettoyé la pêcherie, envahie par les boues ;
- Des travaux plus conséquents ont ensuite été entrepris. Une entreprise spécialisée dans les vidanges d’étang est venue curer complètement la pêcherie pour la rendre de nouveau fonctionnelle ;
- Cette même entreprise a opéré la création d’un chenal de dérivation dans l’étang afin de réduire fortement le débit de l’eau arrivant au niveau de la bonde et de maintenir les boues dans l’étang.
Ces travaux ont permis de désengorger la bonde, le système de vidange ainsi que les structures de filtration permettant de minimiser le drainage des boues en pêcherie et sur la rivière.
A l’automne prochain, un curage sur 600m² en amont de la bonde permettra de libérer le système de vidange des boues accumulées et de prévoir tout incident lors des prochaines vidanges.
Début d’année 2022, des travaux sur la pêcherie seront réalisés avec une complète remise en œuvre des systèmes de filtration et de retenu, afin que cet incident ne puisse plus se reproduire.
De l’étang de 7 hectares créé au 18e siècle, au couvert dense de la forêt de Tire-Gerbes, en passant par les bords du ruisseau de l’Enfer, découvrez des espèces protégées comme la tortue Cistude d’Europe ou l’Agrion de Mercure.
Hier, les femmes venaient rincer leur linge au lavoir de pisé, on mettait le chanvre à macérer en bordure avant l’écorçage des tiges, on pêchait, on chassait…
Aujourd’hui, les écoliers Montcarradiauds y font des sciences naturelles, les villageois pêchent ou s’y promènent. On protège cet étang : rénovation et entretien de la digue. On effectue un suivi des espèces patrimoniales : tortue cistude, Grèbe huppé, Grenouille agile, libellules…
Le livret pédagogique de l’étang de Gôle est disponible en mairie
ou sur le lien : Livret découverte de l’étang de Gôle
Voici ci-dessous un lien pour accéder au programme de sorties grand public sur les ENS isérois (Espaces Naturels Sensibles).
https://www.isere.fr/sites/default/…
Des animateurs ENS sont recrutés chaque année pour faire découvrir les différents sites. Les sorties sont gratuites et ouvertes à tous.
Arrêté 2021-016 ENS Interdiction accès étang pendant assec
Arrêté préfectoral vidange 2019